Le 1er août :
Qui se marie le 1er août, la corde il se met au cou.
S'il pleut à la Saint-Pierre-ès-Liens, les noisettes ne vaudront rien.
Lorsqu'il pleut au 1er août, les noisettes sont piquées de poux.
S'il pleut à la Saint-Pierre-ès-Liens, les noisettes viendront bien.
Quand il pleut en août, il pleut du miel et du vin.
Le 2 août :
À la Saint-Etienne, chacun trouve la sienne.
À la Saint-Eusèbe, au plus tard fais battre la gerbe.
Le 3 août :
Tels les trois premiers jours d'août, tel le temps de l'automne.
Il faut cueillir les choux, l'un des trois premiers jours d'août.
Le 4 août :
Août donne goût.
Pour leur fête souvent, les sept dormants redressent le temps.
Le 5 août :
Jamais d'août la sécheresse, n'amènera la richesse.
À la Saint-Abel, faites vos confitures de mirabelles.
Le 6 août :
Août pluvieux, cellier vineux.
Au mois d'août, le vent est fou.
Le 7 août :
Le mois d'août est toujours chaud, quand le premier de l'an est beau.
Qui bat son blé au mois d'août, bat à son goût.
Le 8 août :
À la Saint-Dominique, te plains pas si le soleil pique.
Le 9 août :
Ce qu'août ne mûrit pas, ce n'est pas septembre qui le fera.
Mois d'août pluvieux, rend le cep vineux.
Saint-Mathias casse la glace, mais s'il n'en trouve pas il faut bien qu'il en fasse.
Le 10 août :
S'il pleut à la Saint-Laurent, la pluie est encore à temps.
Saint-Laurent partage l'été par le milieu.
Pour la Saint-Laurent, tout fruit est bon pour les dents.
De Saint-Laurent à Notre Dame, la pluie n'afflige pas l'âme.
Qui sème pour Saint-Laurent, y perd la graine et puis le temps.
Le 11 août :
Si, le jour de Sainte-Claire, la journée est chaude et claire,
Comptez sur les fruits à couteau, à coup sûr ils seront beaux.
À la Sainte-Suzanne, veau bien venu qui tête.
À la Sainte-Claire, s'il éclaire et tonne, c'est l'annonce d'un bel automne.
Le 12 août :
Quiconque en août s'endormira, en janvier s'en repentira.
Le 13 août :
Le temps du 13 août, dure quatre jours.
S'il pleut le jour de Sainte-Radegonde, la misère s'abat sur le monde.
S'il pleut le jour de Sainte-Radegonde, misère abonde dans le monde.
À la Sainte-Radegonde quand l'eau abonde, la misère est dans le monde.
Le 14 août :
À la Saint Eusèbe, ponte de poule est faible.
À la Saint Eusèbe, un temps sec grossit la gerbe.
Temps trop beau en août, annonce hiver en courroux.
Le 15 août :
Le 15 août le coucou perd son chant, c'est la caille qui le reprend.
S'il pleut pour l'Assomption, tout va en perdition.
Pluie de l'Assomption, huits jours de mouillon.
Au 15 août gros nuages en l'air, c'est la neige pour l'hiver.
La vierge du 15 août, arrange et défait tout.
Du soleil à l'Assomption, beaucoup de vin et du bon.
Quand mi-août est bon, abondance à la maison.
Le 16 août :
De Saint-Roch la grande chaleur, prépare du vin la couleur.
Après Saint-Roch, aiguise ton soc.
Le 17 août :
À la Saint-Hyacinthe, on peut semer sans crainte.
Le 18 août :
À la Sainte-Hélène, la noix est pleine et le cerneau se met dans l'eau.
Le 19 août :
Quand août est pluvieux, septembre est radieux.
Août tarit les fonts, ou emporte les ponts.
Le 20 août :
Quand arrive la Saint-Bernard, si tu n'es pas en retard,
Ton blé n'est plus sous le hangar, et le moissonneur a sa part.
Le 21 août :
Je suis le mois d'août où nul loisir on ne peut prendre ou séjourner,
Mais faucher faner par plaisir, mettre en grange, battre et vanner.
Le 22 août :
Belettes blanches de la Saint-Symphorien, annoncent que l'hiver est en chemin.
Le 23 août :
À la Sainte-Rose, pour le travailleur pas de pause.
La nuit d'août, trompe les sages et les fous.
Le 24 août :
À la Saint-Barthélemy, paie ton dû.
À la Saint-Barthélemy, la grenouille sort de son nid.
À la Saint-Barthélémy la perche au noyer, le trident au fumier.
Le 25 août :
Beau temps pour la Saint-Louis, plusieurs jours sans pluie.
A la Saint-Louis le foin non rentré, est à moitié gâté.
Le 26 août :
À la Saint-Césaire, la dernière forte chaleur en l'air.
Le 27 août :
Soleil rouge en août, c'est de la pluie partout.
Le 28 août :
C'est comme s'il pleuvait du vin, fine pluie à Saint-Augustin.
À la Saint-Augustin, le soleil a grillé le serpolet et le thym.
Le 29 août :
Pluie à la Sainte-Sabine, est une grâce divine.
Quand les hirondelles voient la Saint-Michel, l'hiver ne vient qu'à Noël.
Le 30 août :
À la Saint-Fiacre soleil ardent, pour huit jours encore du beau temps.
De la pluie en août, n'en faut pas du tout.
Le 31 août :
En août et en vendanges, il n'y a ni fêtes ni dimanches.
Août mûrit septembre vendange, en ces deux mois tout bien s'arrange.
Temps trop beau en août, annonce un hiver en courroux.
La cabane du Highlander.
Elle est bâtie en terre, et la sauvage fleur
Orne un faite croulant ; toiture mal fermée,
Il en sort, le matin, une lente fumée,
(Voyez) belle au soleil, blanche et torse en vapeur !
Le clair ruisseau des monts coule auprès ; n'ayez peur
D'approcher comme lui ; quand l'âme est bien formée,
On est humble, on se sait, pauvre race, semée
Aux rocs, aux durs sentiers, partout où vit un cœur !
Sous ce toit affaissé de terre et de verdure,
Par ce chemin rampant jusqu'à la porte obscure,
Venez ; plus naturel, le pauvre a ses trésors :
Un cœur doux, patient, bénissant sur sa route,
Qui, s'il supportait moins, bénirait moins sans doute...
Ne restez plus ainsi, ne restez pas dehors !
Charles-Augustin Sainte-Beuve.
C’était deux petits éléphants,
Deux petits éléphants tout blancs.
Lorsqu’ils mangeaient de la tomate,
Ils devenaient tout écarlates.
Dégustaient-ils un peu d’oseille,
On les retrouvait vert bouteille.
Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.
On leur donnait alors du lait:
Ils redevenaient d’un blanc tout frais.
Mais on les gava, près d’Angkor,
Pour le mariage d’un raja,
D’un grand sachet de poudre d’or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,
D’un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,
Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.
(Maurice Carême)
Rosemonde GÉRARD ROSTAND
Recueil : "Les Pipeaux"
Janvier prend la neige pour châle ;
Février fait glisser nos pas ;
Mars de ses doigts de soleil pâle,
Jette des grêlons aux lilas.
Avril s’accroche aux branches vertes ;
Mai travaille aux chapeaux fleuris ;
Juin fait pencher la rose ouverte
prés du beau foin qui craque et rit.
Juillet met les œufs dans leurs coques
Août sur les épis mûrs s’endort ;
Septembre aux grands soirs équivoques,
Glisse partout ses feuilles d’or.
Octobre a toutes les colères,
Novembre a toutes les chansons
Des ruisseaux débordant d’eau claire,
Et Décembre a tous les frissons.
Il devrait te plaire celui là Roselyne toi qui les brode
Le Rouge-Gorge
Rosemonde GÉRARD ROSTAND
Recueil : "Féeries"
Dans un joli bois de chez nous,
Un bois d’églantiers et de houx,
Il y avait encore
Un de ces oiseaux merveilleux,
Vert, jaune, rouge, orange et bleu,
Qu’on nomme lophophore.
Tous ses frères, bleus, jaunes, verts,
Depuis longtemps s’envolaient vers
La lointaine Amérique ;
Lui restait, montrant, simple et doux.
Sans un joli bois de chez nous,
Son plumage féerique ;
Et si, comme un prince enchanté,
Ce lophophore était resté
Dans la forêt secrète,
C’est que, vert, jaune, orange et bleu,
Il était tombé amoureux
D’une douce fauvette.
La fauvette l’aimait aussi,
Du moins l’assure ce récit ;
Quand venait l’heure brune,
Ils se donnaient des rendez-vous,
Dans un joli bois de chez nous,
Sous un rayon de lune.
Et l’oiseau bleu comme le soir
Disait son tourment, son espoir,
Son amour, sa démence ;
Et l’arc-en-ciel de ses couleurs,
Qui semblait passer par son cœur,
Colorait sa romance ;
Dans le langage des oiseaux,
Il connaissait d’étranges mots
Qui disaient mille choses,
Et quand, de son gosier qui luit,
S’envolaient tous ces « tui, tui, tui »
La nuit semblait plus rose ;
Quelquefois, quelque son plus fort
Semblait monter comme un fil d’or
Jusqu’à l’étoile en flamme,
Et les vers luisants, sur le sol,
Semblaient encor des si, des sol
Qui tombaient de son âme
Il chantait merveilleusement ;
Comme un oiseau, comme un amant,
Il donnait tout son être…
Mais, dans une histoire d’amour,
Il faut bien qu’il y ait toujours
Quelqu’un qui soit un traître.
Un corbeau, jaloux et subtil,
Et qui convoitait, paraît-il,
La fauvette légère,
S’en fut, à l’ombre d’un vieux trou,
Dans un joli bois de chez nous,
Trouver une sorcière.
« J’ai », dit-il, « tout le cœur rongé
Par le chant de cet étranger
Tout habillé de flamme…
– Oui », dit la vielle, « je sais bien,
Mais sur son chant je ne peux rien,
Car le chant vient de l’âme.
– Quoi ! tu ne peux rien faire, alors ?
– Mais, si ! je peux tout sur son corps,
Sur son joli corps tendre ;
Je peux l’empêcher d’être beau,
Le rendre aussi laid qu’un corbeau,
Sous un habit de cendre. »
Et, lui donnant dans une noix
Une poudre couleur de poix,
Elle dit : « Si tu jettes
La poudre sur lui brusquement,
Il ne restera pas longtemps
L’amant de la fauvette. »
Lorsque le bel oiseau, le soir,
Revint chanter, le corbeau noir
Riait d’un rire sombre ;
Et, sans même trembler un peu,
Il jeta sur l’oiseau de feu
Toute la poudre d’ombre.
Alors, on put voir, brusquement,
L’affreux pouvoir du talisman
De la vieille sorcière ;
L’oiseau de saphir, de rubis,
Ne fut plus qu’un pauvre oiseau gris
Plus gris que la poussière.
Plus de reflet… plus de couleur…
Comme on voit la plus belle fleur
Se faner sur sa tige,
Il s’éteignit… mais, tout à coup,
Dans un joli bois de chez nous,
Il y eut ce prodige :
L’oiseau avait perdu, c’est clair,
Bleu, jaune, mauve, orange et vert,
Sa palette divine;
Mais, comme un souvenir vermeil,
Il gardait un petit soleil
Rouge sur sa poitrine.
Et, parmi son plumage éteint,
C’était si beau de voir soudain
Ce soleil apparaître,
Que l’oiseau, ne gardant au cou
Rien que l’étincelant bijou,
Sembla plus beau, peut-être…
Le corbeau, honteux et confus,
Titubant sur l’arbre touffu,
Tremblait de rage folle ;
Mais la fauvette souriait,
Et tous les cœurs de la forêt
Comprirent le symbole :
L’oiseau qui, dans les nuits d’été,
Avait tant et si bien chanté
Sa tendresse fidèle,
Pouvait perdre tous les reflets,
Mais pas celui qui lui venait
D’une flamme éternelle
Aucun talisman de sorcier
Ne pouvait éteindre un gosier
Qui parla ce langage,
Et l’oiseau garderait toujours
Le feu qu’une chanson d’amour
Laisse sur son passage…
Et voici comment, si touchant,
Parmi l’immensité des champs
De sarrasin et d’orge,
Il y eut, grâce à l’amour fou,
Dans un joli bois de chez nous,
Le premier rouge-gorge !
Lorsque tu seras vieux...
Rosemonde Gérard (1871-1953 )
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer;
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser.
Combien de fois jadis j'ai pu dire : «Je t'aime!»
Alors, avec grand soin, nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand, sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Et, comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain
Qu'importeront alors les rides du visage,
Si les mêmes rosiers parfument le chemin?
Songe à tous les printemps qui dans nos coeurs s'entassent
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens;
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car, vois-tu, chaque jour je t'aime davantage
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain!
En ce cher amour qui passe comme un rêve
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur,
Retenir, s'il se peut, l'impression trop brève,
Pour le ressavourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours.
Je serais riche alors d'une richesse rare,
J'aurais gardé tout l'or de mes jeunes amours,
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève
Ma mémoire parfois me rendra la douceur;
Car de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurais tout conservé dans le fond de mon coeur.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des yeux remplis des pleurs de nos vingt ans...
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille, Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs!
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