Le 1er novembre - Tonnerre en novembre fait prospérer le blé, et remplit le grenier. À la Toussaint, commence l'été de la Saint-Martin. Vent de Toussaint, terreur de marin. Suivant le temps de la Toussaint, l'hiver sera ou non malsain. Brumes en novembre, Noël en décembre. Hiver trop beau, été sans eau. Le bon semer est quinze jours avant Toussaint, et quinze jours après. Telle Toussaint tel Noël, et Pâques pareil. Autant d'heures de soleil à la Toussaint, autant de semaines à souffler dans tes mains. Été de la Saint-Martin, dure trois jours et un brin. En novembre s'il tonne, l'année sera bonne.
Le 2 novembre - Novembre, Toussaint le commande, Saint-André le voit descendre. Novembre est le jour des morts, si tu ne veux pas mourir encore, habille-toi plus fort.
Le 3 novembre - Brouillard en Novembre, l'hiver sera tendre. À la Saint-Hubert, les oies sauvages fuient l'hiver.
Le 4 novembre - La Toussaint venue, rentre la charrue. À la Saint-Charles, la gelée parle.
Le 5 novembre - Le cinq tu sauras, quel mois tu auras.
Le 6 novembre - À la Sainte-Mélanie de la pluie n'en veux mie. Quand en novembre il a tonné, l'hiver est avorté. Quand en novembre tu entends la grive chanter ; Rentre à la maison pour t'abriter et du bois pour te chauffer.
Le 7 novembre - À la saint Florent il fait bon de semer le froment, mais il ne faut pas perdre de temps. À la Saint-Ernest, abats les pommes qui te restent.
Le 8 novembre - Grand soleil petit vent, petit soleil grand vent. Temps couvert à la Saint-Geoffroy, amène trois jours de froid.
Le 9 novembre - Quand en automne il a tonné, l'hiver est avorté. Orage de la Saint-Théodore, annonce une année en or. La Saint-Mathurin, des fruits rouges c'est la fin.
Le 10 novembre - Soleil rouge le matin, fait trembler le marin. À la Saint-Léon, mets tes artichauts en monts.
Le 11 novembre - Saint-Martin, Saint-Tourmentin. Le temps du jour de Saint-Martin, est de l'hiver le temps commun. Si le vent du sud souffle pour la Saint-Martin, l'hiver ne sera pas coquin. Quand Saint-Martin amène le vent d'autan, cela dure six mois par an. À la Saint-Martin tire ton vin, Saint-Martin le met en chemin. Quand Saint-Martin amène le vent d'autan, cela dure six mois par an. À la Saint-Martin bois le vin, et laisse l'eau au moulin. Et s'il trouve quelque encombrée, vous l'aurez à la Saint-André. À la Saint-Martin l'hiver est en chemin, manchons aux bras et gants aux mains.
Le 12 novembre - Temps sanguin, annonce pluie du lendemain.
Le 13 novembre - À la Saint-Brice le temps, sera celui du jour de l'An.
Le 14 novembre - Si novembre tonne, l'année suivante sera bonne.
Le 15 novembre - Á la saint Léopold, couvre les épaules. En novembre fou engendre, en août gît sa femme.
Le 16 novembre - À la Saint Matthieu les jours sont égaux aux nuits dans leur cours. Quand vient Saint Matthieu, adieu l'été. Brouillard en novembre, l'hiver sera tendre.
Le 17 novembre - À la Sainte-Élizabeth, tout ce qui porte fourrure n'est point bête. Sainte-Elisabeth nous montre quel bonhomme l'hiver sera. A la mi-novembre passée, il peut venter et neiger à souhait. Quand il gèle en novembre, adieu l'herbe tendre.
Le 18 novembre - Gelée de novembre, adieu l'herbe tendre.
Le 19 novembre - À la Saint-Tanguy, le temps est toujours gris. Sainte-Elisabeth nous montre quel bonhomme sera l'hiver. À la Saint-Tanguy, jamais vent ne languit.
Le 20 novembre - Entre la Toussaint et l'Avent, attends-toi à pluie et vent. Saint-Félix et la Présentation amènent le froid pour de bon.
Le 21 novembre - Quelque temps qu'il fasse en novembre, commence le feu dans la chambre.
Le 22 novembre - Pour Sainte-Cécile, chaque haricot en fait mille. Pour Sainte-Cécile, chaque fève en fait mille.
Le 23 novembre - Quand l'hiver vient doucement, il est là à la Saint-Clément. Saint-Clément montre rarement visage avenant.
Le 24 novembre - À la Sainte-Flora, plus rien ne fleurira.
Le 25 novembre - Quand Sainte-Catherine au ciel fait la moue, il faut patauger longtemps dans la boue. À la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine. Pour Sainte-Catherine, tout bois prend racine. À la Sainte-Catherine, pour tout l'hiver fait ta farine. Pour Sainte-Catherine, le porc couine. À la Sainte-Catherine, les sardines tournent l'échine, à la Sainte-Blaise elles reparaissent. Sainte-Catherine toute fille veut la fêter, mais point ne veut la coiffer. À la Sainte-Catherine, l'hiver s'achemine ; s'il fait froid, hiver tout droit.
Le 26 novembre - À la Sainte-Delphine, mets ton manteau à pèlerine.
Le 27 novembre - À la Saint-Séverin, chauffe tes reins. Quand en novembre, la pluie noie la terre, ce sera du bien pour tout l'hiver.
Le 28 novembre - À la Saint-Sosthène, il y a des chrysanthèmes. À la Saint-Sosthène, les poules sur le chemin ne trouvent plus de graines. S'il neige à la Saint-Hilaire, il fera froid tout l'hiver.
Le 29 novembre - À la Saint-Saturnin, l'hiver est pour demain. Quand en novembre la pluie noie la terre, ce sera du bien pour tout l'hiver.
Le 30 novembre - À la Saint-André, l'hiver dit : Me voici ! Neige de Saint-André, peut cent jours durer. Quand l'hiver n'est pas pressé, il arrive à la Saint-André. Pour Saint-André, l'hiver est vite ici. La neige de Saint-André, menace cent jours de durer.
Emile Verhaeren ( 1865-1916 )
Sur la bruyère longue infiniment voici le vent cornant novembre; Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre, En souffles lourds, battant les bourgs ; Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent ; Aux citernes des fermes. Les seaux et les poulies Grincent et crient Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l’eau, Les feuilles mortes des bouleaux, Le vent sauvage de Novembre ; Le vent mord, dans les branches, Des nids d’oiseaux ; Le vent râpe du fer Et peigne, au loin, les avalanches, Rageusement du vieil hiver, Rageusement, le vent, Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables, Les lucarnes rapiécées Ballottent leurs loques falotes De vitres et de papier. - Le vent sauvage de Novembre ! - Sur sa butte de gazon bistre, De bas en haut, à travers airs, De haut en bas, à coups d’éclairs, Le moulin noir fauche, sinistre, Le moulin noir fauche le vent, Le vent, Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons, Autour de leurs clochers d’église. Sont ébranlés sur leurs bâtons ; Les vieux chaumes et leurs auvents Claquent au vent, Au vent sauvage de Novembre. Les croix du cimetière étroit, Les bras des morts que sont ces croix, Tombent, comme un grand vol, Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre, Le vent, L’avez-vous rencontré le vent, Au carrefour des trois cents routes, Criant de froid, soufflant d’ahan, L’avez-vous rencontré le vent, Celui des peurs et des déroutes ; L’avez-vous vu, cette nuit-là, Quand il jeta la lune à bas, Et que, n’en pouvant plus, Tous les villages vermoulus Criaient, comme des bêtes, Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent hurlant, Voici le vent cornant Novembre.
François COPPÉE (1842-1908)
Novembre
Captif de l'hiver dans ma chambre Et las de tant d'espoirs menteurs, Je vois dans un ciel de novembre, Partir les derniers migrateurs.
Ils souffrent bien sous cette pluie ; Mais, au pays ensoleillé, Je songe qu'un rayon essuie Et réchauffe l'oiseau mouillé.
Mon âme est comme une fauvette Triste sous un ciel pluvieux ; Le soleil dont sa joie est faite Est le regard de deux beaux yeux ;
Mais loin d'eux elle est exilée ; Et, plus que ces oiseaux, martyr, Je ne puis prendre ma volée
Louis CHADOURNE (1890-1925)
Jardins de novembre
La brume s'échevèle au détour des allées, Un souvenir épars s'attarde et se recueille, Il flotte une douceur de choses en allées Un songe glisse en nous, comme un pas sur les feuilles.
Les jardins de Novembre accueillent vos amours, Ô jeunesse pensive, Ô saison dissolvante, Les grands jardins mélancoliques et qui sentent La fin, la pluie - odeurs humides de l'air lourd, De choses mortes qui retournent à la terre.
Iris mauves aux parfums âcres, aux tiges pâles, Ployés un peu, et qui se fanent, solitaires, Et laissent tristement pendre leurs longs pétales Transparents, trop veinés, trop fins - comme une lèvre Dont les baisers ont bu le sang et la tiédeur
Cherche encore une bouche où poser sa langueur. Le grand jardin brumeux sommeille. Sourde fièvre Ô parfums trop aigus des iris et des roses Flétris - parfums et mort - serre chaude d'odeurs.
Tout l'univers mourant qui s'épuise en senteurs Et puis dans la tristesse odorante des choses Effeuillant, inclinant, chaque fleur du jardin D'un battement furtif, égal et doux, se pose L'aile silencieuse et lasse du déclin.
Émile VERHAEREN (1855-1916)
Novembre
Les grand'routes tracent des croix A l'infini, à travers bois ; Les grand'routes tracent des croix lointaines A l'infini, à travers plaines ; Les grand'routes tracent des croix Dans l'air livide et froid, Où voyagent les vents déchevelés A l'infini, par les allées.
Arbres et vents pareils aux pèlerins, Arbres tristes et fous où l'orage s'accroche, Arbres pareils au défilé de tous les saints, Au défilé de tous les morts Au son des cloches,
Arbres qui combattez au Nord Et vents qui déchirez le monde, Ô vos luttes et vos sanglots et vos remords Se débattant et s'engouffrant dans les âmes profondes !
Voici novembre assis auprès de l'âtre, Avec ses maigres doigts chauffés au feu ; Oh ! tous ces morts là-bas, sans feu ni lieu, Oh ! tous ces vents cognant les murs opiniâtres Et repoussés et rejetés Vers l'inconnu, de tous côtés.
Oh ! tous ces noms de saints semés en litanies, Tous ces arbres, là-bas, Ces vocables de saints dont la monotonie S'allonge infiniment dans la mémoire ; Oh ! tous ces bras invocatoires Tous ces rameaux éperdument tendus Vers on ne sait quel christ aux horizons pendu.
Voici novembre en son manteau grisâtre Qui se blottit de peur au fond de l'âtre Et dont les yeux soudain regardent, Par les carreaux cassés de la croisée, Les vents et les arbres se convulser Dans l'étendue effarante et blafarde,
Les saints, les morts, les arbres et le vent, Oh l'identique et affolant cortège Qui tourne et tourne, au long des soirs de neige ; Les saints, les morts, les arbres et le vent, Dites comme ils se confondent dans la mémoire Quand les marteaux battants A coups de bonds dans les bourdons, Ecartèlent leur deuil aux horizons, Du haut des tours imprécatoires.
Et novembre, près de l'âtre qui flambe, Allume, avec des mains d'espoir, la lampe Qui brûlera, combien de soirs, l'hiver ; Et novembre si humblement supplie et pleure Pour attendrir le coeur mécanique des heures !
Mais au dehors, voici toujours le ciel, couleur de fer, Voici les vents, les saints, les morts Et la procession profonde Des arbres fous et des branchages tords Qui voyagent de l'un à l'autre bout du monde. Voici les grand'routes comme des croix A l'infini parmi les plaines Les grand'routes et puis leurs croix lointaines A l'infini, sur les vallons et dans les bois !