Proverbes ou dictons sur le mois d'Août
Août rend malade les enfants, septembre les emmène
Au mois d'août, femmes retirez vous
Au mois d'août, il fait bon aller chercher salade et ciboule
Au mois d'août, n'ôte ta flanelle qu'en cas de chaleur torrentielle
Au mois d'août, qui n'a de robe qu'il s'en trouve
Au mois d'avril, ne quitte pas un fil, au mois de mai, pas guère, juin juillet août, tout
En août ni femme ni mout
En juillet et en août ni femmes ni choux
En juin, juillet, août, ni gros ni petit chou
Entre juillet et août, le boire est de bon goût
Femme grosse et poulet au mois d'août ont toujours froid
Fièvre d'août dure un an ou deux
Fièvres d'août durent un an ou deux
Juin juillet août ni femme ni chou
Juin, juillet, août, ni femme ni chou ni mout
Juin, juillet, août, ni femme ni mout
Juin, juillet, août, ni huîtres ni femmes ni choux
La pleine lune d'août emporte le malade ou le ramène
La pleine lune d'août emporte le malade ou lui rend la santé
Le mois d'août fait souvent porter le deuil
Le soleil d'août rend fou
Les fièvres d'août durent un an ou deux
Les oeufs du mois d'août sont bons toute l'année, les autres mange-les s'ils sont frais
Les pommiers sauvages ne donnent pas des pommes du mois d'août
Les poussins du mois d'août n'ont jamais le derrière clos
Mariage en août, enfants morveux
Qui se baigne en août ne boit pas le mout
Qui se fait saigner le 2 août, de l'an ne voit jamais le bout
Quiconque se marie en août n'amasse rien du tout
S'il tonne en août, grande prospérité partout mais des malades beaucoup
Vieillard, si tu voyages en août aye avec toi ton parasol
01 Alphonse Lorsqu'il pleut au 1er août, les noisettes sont piquées de poux
02 Julien-Eym., Eusèbe A la sainte-Eusèbe, au plus tard fis battre la gerbe
03 Lydie Ce que le mois d'août ne mûrira pas, ce n'est pas septembre qui le fera
04 Jean-Marie Vianney En août comme en vendanges, il n'y a ni fêtes ni dimanches
05 Abel, Abel A saint-Abel faites vos confitures de mirabelles
06 Transfiguration Au mois d'août n'ôte la flanelle, qu'en cas de chaleur torrentielle
07 Gaétan Quiconque se marie en août, souvent ne ramasse rien du tout
08 Dominique Saint-Dominique a souvent chaud dans sa tunique
09 Amour En août de l'aube au soir, on n'a qu'une heure pour s'asseoir
10 Laurent Pour saint-Laurent,tout fruit est bon pour les dents
11 Claire Toujours pour la sainte-Claire journée chaude et claire
12 Clarisse S'il pleut à sainte-Clarisse, c'est souvent comme vache qui pisse
13 Hippolyte, Radegonde A sainte-Radégonde, en moisson les minutes sont des secondes
14 Evrard Qui dort en août, dort à son coût
15 Assomption, Muriel Qui bat avant Notre-Dame bat quand il veut, qui bat après bat quand il peut
16 Armel Août mûrit, septembre vendange, en ces deux mois tout bien s'arrange
17 Hyancinthe Temps trop beau en août, annonce hiver en courroux
18 Hélène Vigneron qui prie sainte-Hélène ne perd pas sa peine
19 Jean Eudes Mois d'août pleureux, rend le cep vineux
20 Bernard Pluie de la saint-Bernard fait déborder la mare
21 Christophe Pluie violente à la saint-Christophe peut mener à la catastrophe
22 Fabrice Pluie de la saint-Fabrice, ne rend pas le paysan riche
23 Rose A la sainte-Rose pour le travailleur pas de pause
24 Barthélemy A la saint-Barthélémy, la perche au noyer le trident au fumier
25 Louis Beau temps de saint-Louis, plusieurs jours sans pluie
26 Natacha Quand il pleut au mois d'août, les truffes sont au bout
27 Monique A la saint-Monique te plains pas si le soleil pique
28 Augustin A la saint-Augustin les orages sont proches de leur fin
29 Sabine Pluie de sainte-Sabine est une grâce divine
30 Fiacre A la saint-Fiacre, soleil ardent, pour huit jours encore du beau temps
31 Aristide Température d'août, à nos vins donne goût
Alfred de MUSSET (1810-1857)
La nuit d'août
LA MUSE
Depuis que le soleil, dans l'horizon immense,
A franchi le Cancer sur son axe enflammé,
Le bonheur m'a quittée, et j'attends en silence
L'heure où m'appellera mon ami bien-aimé.
Hélas ! depuis longtemps sa demeure est déserte ;
Des beaux jours d'autrefois rien n'y semble vivant.
Seule, je viens encor, de mon voile couverte,
Poser mon front brûlant sur sa porte entr'ouverte,
Comme une veuve en pleurs au tombeau d'un enfant.
LE POÈTE
Salut à ma fidèle amie !
Salut, ma gloire et mon amour !
La meilleure et la plus chérie
Est celle qu'on trouve au retour.
L'opinion et l'avarice
Viennent un temps de m'emporter.
Salut, ma mère et ma nourrice !
Salut, salut consolatrice !
Ouvre tes bras, je viens chanter.
LA MUSE
Pourquoi, coeur altéré, coeur lassé d'espérance,
T'enfuis-tu si souvent pour revenir si tard ?
Que t'en vas-tu chercher, sinon quelque hasard ?
Et que rapportes-tu, sinon quelque souffrance ?
Que fais-tu loin de moi, quand j'attends jusqu'au jour ?
Tu suis un pâle éclair dans une nuit profonde.
Il ne te restera de tes plaisirs du monde
Qu'un impuissant mépris pour notre honnête amour.
Ton cabinet d'étude est vide quand j'arrive ;
Tandis qu'à ce balcon, inquiète et pensive,
Je regarde en rêvant les murs de ton jardin,
Tu te livres dans l'ombre à ton mauvais destin.
Quelque fière beauté te retient dans sa chaîne,
Et tu laisses mourir cette pauvre verveine
Dont les derniers rameaux, en des temps plus heureux,
Devaient être arrosés des larmes de tes yeux.
Cette triste verdure est mon vivant symbole ;
Ami, de ton oubli nous mourrons toutes deux,
Et son parfum léger, comme l'oiseau qui vole,
Avec mon souvenir s'enfuira dans les cieux.
LE POÈTE
Quand j'ai passé par la prairie,
J'ai vu, ce soir, dans le sentier,
Une fleur tremblante et flétrie,
Une pâle fleur d'églantier.
Un bourgeon vert à côté d'elle
Se balançait sur l'arbrisseau ;
Je vis poindre une fleur nouvelle ;
La plus jeune était la plus belle :
L'homme est ainsi, toujours nouveau.
LA MUSE
Hélas ! toujours un homme, hélas ! toujours des larmes !
Toujours les pieds poudreux et la sueur au front !
Toujours d'affreux combats et de sanglantes armes ;
Le coeur a beau mentir, la blessure est au fond.
Hélas ! par tous pays, toujours la même vie :
Convoiter, regretter, prendre et tendre la main ;
Toujours mêmes acteurs et même comédie,
Et, quoi qu'ait inventé l'humaine hypocrisie,
Rien de vrai là-dessous que le squelette humain.
Hélas ! mon bien-aimé, vous n'êtes plus poète.
Rien ne réveille plus votre lyre muette ;
Vous vous noyez le coeur dans un rêve inconstant ;
Et vous ne savez pas que l'amour de la femme
Change et dissipe en pleurs les trésors de votre âme,
Et que Dieu compte plus les larmes que le sang.
LE POÈTE
Quand j'ai traversé la vallée,
Un oiseau chantait sur son nid.
Ses petits, sa chère couvée,
Venaient de mourir dans la nuit.
Cependant il chantait l'aurore ;
Ô ma Muse, ne pleurez pas !
À qui perd tout, Dieu reste encore,
Dieu là-haut, l'espoir ici-bas.
LA MUSE
Et que trouveras-tu, le jour où la misère
Te ramènera seul au paternel foyer ?
Quand tes tremblantes mains essuieront la poussière
De ce pauvre réduit que tu crois oublier,
De quel front viendras-tu, dans ta propre demeure,
Chercher un peu de calme et d'hospitalité ?
Une voix sera là pour crier à toute heure :
Qu'as-tu fait de ta vie et de ta liberté ?
Crois-tu donc qu'on oublie autant qu'on le souhaite ?
Crois-tu qu'en te cherchant tu te retrouveras ?
De ton coeur ou de toi lequel est le poète ?
C'est ton coeur, et ton coeur ne te répondra pas.
L'amour l'aura brisé ; les passions funestes
L'auront rendu de pierre au contact des méchants ;
Tu n'en sentiras plus que d'effroyables restes,
Qui remueront encor, comme ceux des serpents.
Ô ciel ! qui t'aidera ? que ferai-je moi-même,
Quand celui qui peut tout défendra que je t'aime,
Et quand mes ailes d'or, frémissant malgré moi,
M'emporteront à lui pour me sauver de toi ?
Pauvre enfant ! nos amours n'étaient pas menacées,
Quand dans les bois d'Auteuil, perdu dans tes pensées,
Sous les verts marronniers et les peupliers blancs,
Je t'agaçais le soir en détours nonchalants.
Ah ! j'étais jeune alors et nymphe, et les dryades
Entr'ouvraient pour me voir l'écorce des bouleaux,
Et les pleurs qui coulaient durant nos promenades
Tombaient, purs comme l'or, dans le cristal des eaux.
Qu'as-tu fait, mon amant, des jours de ta jeunesse ?
Qui m'a cueilli mon fruit sur mon arbre enchanté ?
Hélas ! ta joue en fleur plaisait à la déesse
Qui porte dans ses mains la force et la santé.
De tes yeux insensés les larmes l'ont pâlie ;
Ainsi que ta beauté, tu perdras ta vertu.
Et moi qui t'aimerai comme une unique amie,
Quand les dieux irrités m'ôteront ton génie,
Si je tombe des cieux, que me répondras-tu ?
LE POÈTE
Puisque l'oiseau des bois voltige et chante encore
Sur la branche où ses oeufs sont brisés dans le nid ;
Puisque la fleur des champs entr'ouverte à l'aurore,
Voyant sur la pelouse une autre fleur éclore,
S'incline sans murmure et tombe avec la nuit,
Puisqu'au fond des forêts, sous les toits de verdure,
On entend le bois mort craquer dans le sentier,
Et puisqu'en traversant l'immortelle nature,
L'homme n'a su trouver de science qui dure,
Que de marcher toujours et toujours oublier ;
Puisque, jusqu'aux rochers tout se change en poussière ;
Puisque tout meurt ce soir pour revivre demain ;
Puisque c'est un engrais que le meurtre et la guerre ;
Puisque sur une tombe on voit sortir de terre
Le brin d'herbe sacré qui nous donne le pain ;
Ô Muse ! que m'importe ou la mort ou la vie ?
J'aime, et je veux pâlir ; j'aime et je veux souffrir ;
J'aime, et pour un baiser je donne mon génie ;
J'aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie
Ruisseler une source impossible à tarir.
J'aime, et je veux chanter la joie et la paresse,
Ma folle expérience et mes soucis d'un jour,
Et je veux raconter et répéter sans cesse
Qu'après avoir juré de vivre sans maîtresse,
J'ai fait serment de vivre et de mourir d'amour.
Dépouille devant tous l'orgueil qui te dévore,
Coeur gonflé d'amertume et qui t'es cru fermé.
Aime, et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore.
Après avoir souffert, il faut souffrir encore ;
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé.
POETE
ANATOLE LE BRAZ
COUCHANT D'AOUT
Reine-Anne
Voici venir vers nous le soir aux yeux de cendre,
Clairs encor d’un reflet de la braise du jour
Dans le couchant d’août, ma mie, allons l’attendre,
Parmi l’or pâlissant de notre été d’amour.
Nous lui dirons : « Sois pur, soir pacifique et tendre,
Fraîcheur des champs brûlés, repos des membres lourds,
Oh ! ne te hâte point, soir béni, de descendre
Vers les grands pays d’ombre oh doit finir ton cours !
Laisse-nous savourer ton délice éphémère,
Passant sacré, porteur de l’urne balsamaire
D’où s’épand sur le monde un miel immense et doux.
Nos fronts que le soleil a brunis de son hâle
Déjà penchent… Du moins, prolonge un peu sur nous
Le mystique frisson de l’heure occidentale.
Et nous t’adorerons, ô soir, à deux genoux. »
Coiffe Trégorroise
Anatole LE BRAZ Recueil : "Poèmes votifs"
Sur un front lisse et pur, finement épinglée,
Tu m’évoques ma mère, ô coiffe du Trégor,
Et, dans ta conque frêle avec art ciselée,
C’est toute la chanson de mon passé qui dort.
Comme tu palpitais, pudique, à la veillée,
Sur quelque nuque mince aux chastes frisons d’or !
De ton charme, longtemps, j’eus l’âme ensorcelée
Et, d’y songer ce soir, mon coeur tressaille encor.
Coiffe de mon pays, aucun ruban profane
Jamais n’a déparé ta grâce diaphane :
Ton élégance est toute en ta simplicité.
Les filles du Trégor t’ont faite à leur image :
Aussi frais que ton lin sans tache est leur visage,
Aussi vierge de tout mensonge leur beauté.
Soir de Bretagne
Anatole LE BRAZ Recueil : "Poèmes votifs"
Sur les coteaux pâlis flotte une ombre indécise :
Au portail de la ferme une femme est assise,
Qui, d’un refrain breton vaguement fredonné,
Dans ses bras arrondis berce son premier-né ;
Sous le corsage étroit où s’amincit son buste
Pointent deux jeunes seins, gonflés d’un lait robuste ;
Son regard, à travers le ciel mourant, poursuit
Un songe ailé de mère heureuse. Dans la nuit
Qui déjà sur les champs assoupis se condense,
Monte un bruit de sabots qui sonnent en cadence ;
Le pas s’approche : un homme apparaît, vigoureux
Et svelte, balançant au fond du chemin creux
Son torse où pend sa veste accrochée à l’épaule ;
D’un geste bucolique, il porte en main la gaule
Dont le houx encor vert s’achève en aiguillon ;
Il dégage en marchant une odeur de sillon,
L’âpre et saine senteur de la terre éventrée.
La femme, à son aspect, dans la ferme est rentrée :
Une lampe, soudain, comme un signal d’amour,
Brille. L’homme franchit le pailler de la cour.
Derrière lui, le col tendu, la croupe haute,
Ses boeufs cornouaillais obliquent, côte à côte,
Vers l’étable où le foin s’émèche aux râteliers.
Quand, repus, ils ont clos leurs yeux ensommeillés,
On peut voir,comme aux temps divins de l’Évangile,
Par un carreau de vitre enchâssé dans l’argile,
Une étoile poser son rayon caressant
Sur les grands mufles roux qu’aima Jésus naissant.
BONNE LECTURE